Depuis quelques années, il a été révélé que les initiations originelles (Reiju) données par Mikao Usui comportaient des lignes de sons (il a également été révélé qu’une autre forme d’initiationn’utilisait aucun symbole). « Dans le Reiki, on utilise des formes (symboles) et des sons (mantras/kotodama) comme catalyseurs afin de rentrer en résonance avec l’énergie d’une dimension supérieure. » (Hiroshi Doï Senseï – Usui Reiki Ryoho Gakkaï). Depuis ces « révélations », bon nombre de praticiens et d’enseignants en Reiki s’interrogent sur l’origine et la nature de ces mystérieux « kotodama », et bien peu trouvent réponses à leurs interrogations, car très peu d’informations leurs ont été fournies lors des transmissions de ces lignes de sons, et ils ne savent pas où trouver des informations supplémentaires.
L’une des personnes pouvant nous apporter quelques éléments de réflexion sur ce sujet est Isabelle Padovani, enseignante en Kototama-Do: Kototama ou Kotodama ? Kototama… En effet, si le terme kotodama désigne au Japon de façon générique tout mot chargé d’un sens spirituel, celui de Kototama recouvre l’une des pratiques du son les plus anciennes, transmise par une lignée de « Gardiens du Son » dont la filiation n’a jamais été interrompue depuis son origine.
L’article qui suit vous présente donc cet art millénaire de la maîtrise du son conservé sous le sceau du secret dans la famille impériale du Japon, et transmis à nos contemporains par les enseignants de cette lignée en ayant reçu la transmission.
En japonais, kototama signifie « mot-âme » ou « esprit du mot »: les « mots-âmes » sont les sons purs qui cristallisent les vibrations originelles que nous percevons ensuite comme couleur, son et forme, dans le monde manifesté. Avant que toute manifestation soit perceptible dans le plan matériel, son essence vibre, résonne sur les plans subtils : ainsi, chaque principe manifesté par la couleur, le son ou la forme, a un kototama, un « mot-âme », une vibration principielle sacrée qui contient son essence, et en permet la manifestation. Ces « mots-âmes » n’ont de signification dans aucune langue : ils sont le substrat vibratoire essentiel de toutes les langues. Ainsi, la maîtrise du Kototama permet de décoder le sens originel des mots, quelle que soit la langue à laquelle ils appartiennent. Chaque kototama est composé de « sons-mères » (voyelles) et de « rythmes pères » (consonnes). Les « sons-mères » sont les cinq puissances, c’est-à-dire les cinq énergies dont le potentiel est utilisable par l’homme. Les « rythmes-pères » sont les huit pouvoirs, c’est-à-dire les huit façons d’utiliser les cinq énergies mises à disposition par les sons-mères.
L’apprentissage du Kototama permet de conscientiser peu à peu les univers de sens évoqués par les cinq sons-mères et les huit rythmes-pères, afin de pouvoir, dans un premier temps, comprendre les lignes de sons enseignées depuis plus de 3000 ans dans cette tradition, mais également devenir le créateur de ses propres lignes de sons, adaptées au besoin du moment.
Les documents de Takeuti (Japon), vieux de 3500 ans, décrivent en détail les évènements ayant marqué l’origine du monde actuel, et plus particulièrement l’occultation du principe originel du Son. Ils racontent que, en des temps très anciens, alors que l’homme ne vivait pas encore dans un corps de chair, les Sumela Mikoto (les « Hommes-Dieux ») utilisait le principe de Kototama Futomani (littéralement « la Divine Action du Mot-Ame ») comme principal outil d’action depuis les plans subtils sur la matière. En ces temps, le Son était le canal privilégié de reliance Esprit/Matière, et Kototama était le principe universel employé par les Hommes-Dieux pour communiquer. Ayant terminé leur expérimentation de la vie sur le plan spirituel, les Sumela Mikoto décidèrent d’aller expérimenter la vie sur un autre plan : pour ce faire, le principe de Kototama Futomani fut utilisé une ultime fois, afin de transformer la lumière en matière.
Puis il fut décidé que ce principe devrait être totalement occulté, afin que l’expérimentation de la matière puisse se faire réellement : en effet, conserver ce principe visible et actif revenait à laisser accessible à tout être vivant une expérience qui, depuis le plan incarné, lui paraissait désagréable, le véhicule sonore lui permettant de retourner (dans ce cas, de fuir) vers le plan de la lumière dont il était originellement issu. Le principe de Kototama fut donc caché, et conservé par ce qui allait devenir différentes traditions : les futurs Hébreux eurent la charge de cacher les sons-mères (les voyelles), tandis que les futurs Celtes eurent la charge de cacher les rythmes-pères (les consonnes), la clef complète du principe de Kototama étant conservée par les futurs Japonais (rappelons à ce sujet que l’ancien nom du Japon est « Kototama no sakiwau kuni » c’est-à-dire « le pays où fleurit le mot-âme »), et plus particulièrement cachée dans le Kojiki, livre sacré de la religion Shintô (le Shintô est la religion originelle du Japon. Shintô signifie « la Voie des Dieux »).
Il fut décidé que le principe de Kototama Futomani serait rendu au monde lorsque les humains auraient complètement expérimenté le plan de la matière. Il y a une centaine d’années, les Gardiens du Sons ont estimé que c’était chose faite : poursuivre plus avant dans l’expérience matérialiste ne pourrait, selon eux, que conduire à la destruction de l’homme et de la terre. Les Gardiens du Son rendirent alors le principe de Kototama à l’humanité, par l’intermédiaire de l’Empereur Meiji, puis de Maître Ogasawara, de Maître Ueshiba (fondateur de l’Aïkido), et plus récemment, par Maître Nakazono, qui vint enseigner ce principe en France, dans les années 70, puis poursuivit sa transmission jusqu’aux Etats-Unis, où il mourut en 1995.
Le Kototama est aujourd’hui enseigné en Europe par les quelques enseignants ayant reçu une transmission orale directe dans la lignée des Gardiens du Son.
Le Kototama s’appuie sur trois principes: ANA, MANA et KANA
ANA est le rythme universel, la source du rythme de vie des phénomènes de l’univers non manifesté. L’univers est entièrement rempli de ce rythme source. ANA est la vibration initiale, qui est encore silence. MANA est la mise en vibration, dans le monde manifesté, d’ANA. Il est le rythme devenu son, en tant que constituant de la pensée. Il est le principe d’apparition d’ANA dans le monde perceptible. KANA est la mise en vibration dans l’incarnation de MANA. Kana est la parole Divine, le Verbe, qui incarne Mana. Selon ce principe, notre cerveau est sensé jouer un rôle de récepteur, captant en MANA le rythme d’ANA, et le transmettant aux zones du langage afin que les sons que nous émettons soient de nature KANA. Avant que le principe de Kototama soit caché, le rythme de notre cerveau (MANA) se synchronisait en permanence avec l’activité des rythmes universels (ANA). Notre langage (KANA) était alors le reflet exact, dans « l’ici-maintenant », du Vivant…
Depuis l’occultation du principe de Kototama (illustré dans la Bible par l’épisode de la tour de Babel, celle-ci représentant la tentative de l’homme, aux premiers temps de l’incarnation, de reconstruire le canal du son reliant terre et ciel), et jusqu’à aujourd’hui, les principes de MANA et KANA ont été séparés : le cerveau n’exerce plus sa fonction de récepteur, et les sons que nous prononçons sont issus d’un langage arbitraire conventionnel : nous avons une voix, mais nous avons perdu le « Verbe ». C’est la raison pour laquelle nous ne trouvons jamais la paix intérieure, et notre mental est sans cesse agité : il est perturbé par les sons dysharmonieux qu’il entend en KANA. Le lien ANA / MANA étant interrompu, la pratique de Kototama propose d’atteindre MANA par KANA, en prononçant les mots-âmes conservés par les Gardiens du Son. Ainsi, par le biais de la boucle audio-phonatoire, qui envoie au cerveau via l’oreille les informations sonores que nous émettons, le cerveau va recevoir à nouveau l’énergie originelle d’ANA, et retrouver peu à peu, par résonance avec la vibration de celle-ci, sa fonction première de récepteur : il pourra alors à nouveau « résonner » avec le Vivant, au lieu de « raisonner » en vain…
En nous permettant de reconnecter l’essence de toute chose, c’est notre propre nature essentielle et originelle que le Kototama nous permet de retrouver. Par le voyage intérieur sur le vaisseau du Son, la pratique de Kototama offre la possibilité de rétablir le lien intime entre l’ego et le Soi, entre le corps et l’esprit, dans le ressenti intime de la vibration du Son…
Isabelle Padovani
Enseignante en Kototama